27 avr. 2011

Ciné qua non


Tonton était cinéphile de naissance.
Alors que j’avais deux avril, accidentellement,
il me projeta le premier film sur le dos.
Depuis lors, de la nuque au sacrum me descend
un tatouage de Burtlancaster baisant la main de Ritahayworth.
Tous les deux se flétrissent à mesure que je me flétris.
Tous les deux mourront avec moi.
The end



La traduction de ce poème, pourtant court, donne du fil à retordre (voir les commentaires). 
Voici donc une version plus récente, telle qu'elle figure dans le numéro 5 de LGO, et à sa suite le poème original en espagnol : 

Tonton était cinéphile de naissance.
J’avais, moi, deux printemps quand, accidentellement,
il me projeta le premier film dans le dos.
De ce jour, me descend, de la nuque au sacrum
un tatouage de Burtlancaster baisant la main de Ritahayworth.
Tous les deux se flétrissent à mesure que moi, je me flétris.
Tous les deux mourront avec moi.
The end.


Cine qua non 

El Tío era cinéfilo de nacimiento.
Cuando Yo tenía dos abriles, accidentalmente,
me proyectó la primera película en la espalda.
Desde entonces me baja de la nuca hasta el hueso sacro
un tatuaje de Burtlancaster besando la mano de Ritahayworth.
Los dos se van marchitando conforme yo me voy marchitando.
Los dos morirán conmigo.
The end


Huilo Ruales Hualca

traduit de l'espagnol (Équateur) par Aurelio Diaz Ronda 
extrait de l'anthologie "Poèmes noirs / Poemas negros" à paraître à l'enseigne du grand os en édition bilingue en novembre 2012.


Ici un autre poème de Huilo Ruales Hualca (Asrev eciv)


11 commentaires:

Jean-Charles F. a dit…

Pas de baiser fiévreux, alors... Il aurait dû choisir Ava Gardner...

Le Grand Os a dit…

Non, d'ailleurs il n'y est question que de baise-main…
Et puis Margarita Carmen Cansino était d'origine sévillane par son père…
Et puis, à "deux avril", on ne choisit pas les films qu'on vous tatoue sur le dos…

Jean-Charles F. a dit…

Certes... Mais imagine le baiser fiévreux se flétrissant, l'effet serait autrement plus saisissant qu'un simple baise-main, non?... Mais c'est juste, qu'on ne choisit pas, à deux avril, les films qu'on vous tatoue sur le dos... Et après, choisit-on, vraiment, les films qu'on vous tatoue sur le dos? (Là, c'était pour faire mon philosophe, histoire de faire sourire et montrer que j'en ai là et pas qu'un peu...) Allez, à une prochaine, et longue et belle au grand os!

Le Grand Os a dit…

Pour l'effet saisissant… de l'image. Peut-être… Mais il y aussi le son! Or entendre prononcer à l'espagnole les noms de Burtlancaster et Ritahayworth, c'est en soi tout un poème.
Pareillement, longue et belle à Djici. Longue et belle ? comme Rita, comme Ava, je suppose.

Jean-Charles F. a dit…

Vie! Le mot m'a glissé des doigts... Longue et belle vie, évidemment... Et oui, pour le son, je l'ai dans l'oreille à présent...

Anonyme a dit…

Majuscule, cule, Yo.
Sur le dos, non.
Par derriere (cf Lacan, l'imprévu, et l'imprévisible). Le Tonton sodomite, sans aucune doute (demandez a l'auteur)
Relire incessamment Manuel Puig.
Tres bon, j'aime beaucoup.

Le Grand Os a dit…

Réponse du traducteur à Anonyme :
Pas d'accord avec "par derrière" : c'est "sur le dos", aucun doute! Si l'auteur avait voulu dire "par derrière" il aurait écrit "por detrás", point. La connotation sexuelle est une interprétation… discutable.
Pour ma part je me garde de confondre traduction et analyse de texte et sur-interprétation…
Quant à la majuscule du Yo, à voir… Le "yo" de toutes façons n'a aucune raison de rester en français, il précise en espagnol que c'est le narrateur qui a deux "avril" (en relisant, je me dis que "printemps" était peut-être plus judicieux…).
Merci, malgré tout, pour le commentaire, qui met le doigt sur ce qui gratte.
Nous transmettrons les remarques d'Anonyme (pourquoi le rester?) à l'auteur… et mettrons en ligne bientôt un autre poème de Huilo Ruales Hualca où Lacan montre explicitement sa frimousse.

Anonyme a dit…

Dans l'dos, dans l'dos !!!
Dans l'd'os?

Le Grand Os a dit…

On perd en français l'ambigüité de l'espagnol "en la espalda" : "dans le dos" ou "sur le dos". J'avoue avoir hésité, mais après avis de l'auteur, on a gardé "sur le dos"… (NdT)

Le Grand Os a dit…

Allez, Anonyme, nous t'avons reconnu ! ¿Porteño, no?

Anonyme a dit…

Yes, Sir.
Et fortement imbibé, ces derniers temps...