" Où commence
dans une œuvre l’instant où les mots deviennent plus forts que leur sens ?
Quand la prose d’Ana Tot, et sa mécanique retorse imposée au logos dans toute l’étendue du sens que
les grecs antiques conféraient à ce mot, à la fois langage et raison, perd-elle
son nom de prose ? Chaque phrase ne se laisse-t-elle pas comprendre ?
Chaque suite de phrases n’est-elle pas logique ? Les mots ne disent-ils
pas ce qu’ils veulent dire (littéralement dans tous les sens du terme
comme disait Rimbaud) ? A quel instant, dans ce dédale aux murs maçonnés
de mots clairs le sens s’est-il égaré ? A quel nouveau dictionnaire (nouveau
territoire du sens) Ana Tot contraint-elle les noms de s’expatrier ? A
quel embranchement, quel détour, le raisonnement le plus circonspect
s’aperçoit-il qu’il a cessé de suivre le fil censé lui assurer la possibilité
de faire marche arrière pour revenir à lui-même (hors du labyrinthe), fort de
toutes ses certitudes passées ? Ce fil, perdu, fût-il retrouvé ne serait à
coup sûr plus le même, et l’auteur de cette prose vissée sur le noyau vide du
sens depuis lequel sa prose rayonne, et en lequel il nous perd, ne s’étonne
même plus qu’un autre, en lui-même, a pris sa place au cœur du labyrinthe, et
que le miroir en lequel son identité (ses mots) se reflète, n’est qu’un miroir
déformant. (...) "
G.MAR
à propos de "méca" d'Ana Tot (éd. Le Cadran ligné, 2016)
sur son blog La Part du mythe
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