Une chronique de Fabien Ribery, sur son blog L'Intervalle, à propos du livre de photographies de Christophe Macquet, L'Oiseau : récit physique (Le Grand os, 2014):
"Voici un livre à propos duquel on ne sait rien ou presque.
Publié à cent exemplaires par
l’excellente maison d’édition de Toulouse Le grand os (vingt ans
d’activités poétiques au sens large), L’Oiseau, du photographe
Christophe Macquet, est une composition de quatre-vingt-deux images
prises un peu partout dans le monde entre 2005 et 2012, principalement
en Amérique du Sud.
Aucun texte explicatif, aucun bavardage, aucun caquetage, mais une séquence de photographies brute et délicate sur papier glacé.
Livre édité en format italien, propice à l’envol des feuilles, L’oiseau,
sous-titré « récit physique », est une ballade sensorielle dans un
monde, dont on peut raisonnablement penser qu’il est vu par un volatile
pérégrin.
Bird People, de la cinéaste
Pascale Ferran (2014), mettait en scène la métamorphose d’une femme en
oiseau, contemplant le monde comme s’il apparaissait pour la première
fois, et l’on se surprenait alors à rêver de devenir un jour moineau,
fantasme dont il semble que Christophe Macquet soit lui aussi l’objet,
ou le sujet.
Posant sur le blanc des pages des
empreintes de regard plus que des indices, le photographe nous entraîne
dans un voyage à tire-d’aile, léger, incongru, ou grave.
Un chien est étendu parmi des confettis. Est-il mort ?
Ce trou sur le pare-brise provient-il d’un impact de balle ?
Cette femme nue, endormie, étendue sur un lit inondé de soleil, nous tend-elle un piège ?
Road-trip, L’Oiseau est aussi de
l’ordre d’un mental-trip, comme si chaque chose – aucune hiérarchie
entre les humains, les animaux, les végétaux et les matériaux de toutes
sortes – était perçue sous l’effet d’un doux hallucinogène.
Qu’il s’agisse de l’orange de tulipes
ouvertes, radieuses, ou du rose de pétales flottant sur l’eau, les
couleurs paraissent quelquefois trop belles pour ne pas être ironiques,
ou irréelles.
La récurrence des motifs forme des
thématiques organisant, par échos successifs, l’ensemble de l’ouvrage :
les oiseaux ou insectes volants, les vitres, les canidés, les ombres,
les poitrines féminines, les émulsions ou bulles, les craquelures,
l’eau, les ciels, les arbres.
Longue vibration d’images, L’Oiseau
invente ainsi un territoire à la fois très concret et imprenable, nimbé
de mystère, d’inquiétante étrangeté et de désir de rencontres."
Fabien Ribery, in L'Intervalle, 11/08/2017 - Lire tout l'article